Allocution de M. l’Ambassadeur

Visite du collège Melkart (16 novembre 2017)

Discours de M. Bruno FOUCHER,

Ambassadeur de France au Liban

Madame la présidente du conseil d’administration,

Monsieur le directeur,

Mesdames et Messieurs les membres du conseil d’administration,

Mesdames et Messieurs les membres du comité des parents d’élèves,

Chers membres de la communauté éducative,

Chers parents et chers élèves,

Merci pour votre accueil chaleureux et pour vos paroles si justes, Monsieur le directeur, sur le sens de ce partenariat exceptionnel qui lie le Liban et la France au service de l’éducation, à travers votre établissement.

Cette école et vous-même êtes un pilier de ce réseau des 41 écoles franco-libanaises qui accueillent près de 60.000 élèves dans votre pays.

A chaque fois que nous innovons, nous le faisons ici. A titre d’exemple, vous êtes le premier établissement franco-libanais dit « partenaire », c’est-à-dire dirigé par un Libanais, à avoir accueilli un centre d’épreuves du baccalauréat français en juin 2017.

Ici, je le sais, nos valeurs communes sont pleinement incarnées : l’excellence pour tous, le plurilinguisme, le vivre-ensemble, la promotion du bien commun.

C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité que ma première visite d’un établissement scolaire au Liban se fasse au collège Melkart.

 

Ce collège, c’est le fruit de l’engagement de femmes est d’hommes au service d’une certaine idée de l’intérêt général.

Celui d’une famille, tout d’abord, la famille Mitri qui a créé cet établissement en 1971.

Celui d’une équipe de direction et éducative, qui a voulu que cet établissement reste ouvert sans discontinuer, même au plus fort de la guerre civile, allant jusqu’à ouvrir une annexe à Chypre, afin de poursuivre sa mission éducative.

A la fin de la guerre et devant le succès de votre établissement, vous vous installés ici, sur les hauteurs de Baabda et, depuis presque cinquante ans, vous avez su incarner ce que le général de Gaulle nommait « le dévouement au bien commun ».

Et je voudrais ici citer ses propos lors d’une mémorable allocution prononcée le 3 juillet 1931 à l’occasion de la distribution des prix de fin d’année à l’université Saint-Joseph : « Oui, le dévouement au bien commun, voilà ce qui est nécessaire, puisque le moment est venu de rebâtir. Et justement pour vous, jeunesse libanaise, ce grand devoir prend un sens immédiat et impérieux ; car c’est une patrie que vous avez à faire. Sur ce sol merveilleux et pétri d’histoire, appuyés aux remparts de vos montagnes, liés par la mer aux activités de l’occident […], il vous appartient de construire un Etat […]. Il vous faudra créer et nourrir un esprit public, c’est-à-dire la subordination volontaire de chacun à l’intérêt général […] ».

 

 

Depuis 1931, l’Etat libanais s’est édifié, et ce, en dépit des vicissitudes de l’Histoire. Pourtant, cet appel à la primauté de l’intérêt général reste pleinement d’actualité, alors que la tentation communautaire grandit et que, face aux difficultés de la gouvernance publique, la résignation au chacun pour soi menace.

Au collège Melkart, vous ne vous contentez pas d’apporter des compétences à vos élèves afin qu’ils puissent exceller et choisir le métier de leurs rêves. Vous avez aussi l’ambition de former des femmes et des hommes qui soient des citoyens avertis et engagés au Liban et dans le monde.

En choisissant la voie de l’homologation par le ministère de l’Education nationale de la République française, vous avez opté pour une éducation libanaise, mais « à la française », centrée sur le développement de l’esprit critique et du jugement personnel des élèves, ouverte sur le monde et sa diversité culturelle et résolument engagée pour le trilinguisme.

Votre jeune établissement a aussi su gardé une taille humaine, en accueillant près de 1000 élèves à la dernière rentrée des classes, de la petite section de maternelle jusqu’à la classe de terminale, sans compter ceux qui fréquentent la garderie « La Ribambelle ».

Tout ceci n’aurait pas été possible sans l’engagement de toute une communauté éducative, bénéficiant de la confiance des parents d’élèves, et emmenée par un capitaine reconnu. Et je veux ici rendre hommage à ce capitaine, Fawzi Makhoul, qui dirige cet établissement depuis presque une vingtaine d’années et dont je suis heureux que le mérite ait été reconnu à sa juste valeur par la République française, puisqu’il vient d’être fait commandeur dans l’ordre ministériel des Palmes académiques.

 

Mesdames et Messieurs, chers amis, je voudrais aujourd’hui vous redire ma confiance, ma volonté et mon espoir.

Ma confiance tout d’abord : celle dans ce réseau de 41 établissements, qui accueillent, en cette rentrée des classes, 60000 élèves, et qui fait figure de modèle dans le monde entier.

Par sa diversité, puisqu’il rassemble des établissements très divers par leur histoire et leurs projets pédagogiques.

Par sa solidarité, puisque s’est forgé au fil du temps un véritable esprit de famille et de confiance au sein de ce réseau, que l’ambassade de France au Liban encourage, en organisant des réunions formelles, mais aussi des moments plus conviviaux, qui permettent de nouer des liens personnels, ces liens personnels qui sont au cœur de la relation entre nos deux pays.

Par son excellence enfin, puisqu’il est marqué par les meilleurs résultats au baccalauréat dans le monde.

Je veux aussi vous dire ma volonté : celle de renforcer plus encore la coopération entre nos deux pays en matière d’éducation.

Cette volonté, ce n’est pas seulement la mienne, c’est celle du président de la République, qui viendra au Liban au printemps prochain et signera à cette occasion une nouvelle feuille de route pour la francophonie.

Notre objectif, c’est de développer encore le réseau des écoles franco-libanaises, en quantité et en qualité, notamment en ouvrant un nouvel institut de formation des professeurs et cadres de notre réseau, qui devrait ouvrir à la rentrée 2018.

Je veux enfin vous dire mon espoir : en l’avenir de la francophonie au Liban. Je ne suis pas de ceux qui pensent que la francophonie est vouée à disparaître. Je ne suis pas non plus de ceux qui pensent qu’elle se maintiendra et se développera sans une politique plus ambitieuse.

Il existe un chemin pour développer la francophonie libanaise, qui fait si profondément partie de son Histoire, de son pluralisme et de sa richesse.

Cette ambition dépasse le cadre de la langue qui en est le moteur. Elle porte sur une certaine idée du dialogue, de l’ouverture à l’autre, du vivre ensemble. La francophonie est une civilisation, qu’il nous appartient, ensemble, de faire grandir. Au Liban et dans le monde entier, car le Liban, par sa diaspora, est bien plus grand que le Liban. 

Sur ce chemin ambitieux, je sais pouvoir compter sur le collège Melkart.

Vive la francophonie.

Vive le Liban.

Vive la France.